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Micro finance du Programme FASO: L’auto-prise en charge communautaire en marche grâce aux CECI - Ocades Caritas Burkina

Micro finance du Programme FASO: L’auto-prise en charge communautaire en marche grâce aux CECI

Avant l’avènement des groupes CECI (Communautés d’épargne et de crédits internes), les communautés rurales étaient confrontées à des problèmes d’épargne : dépenses faciles, vol, perte, etc. Ainsi, leurs économies étaient volatiles. Si quelques femmes s’organisaient par petits groupes pour faire de la tontine, la valeur des mises est généralement dérisoire et ne produit pas d’intérêts. En somme, la thésaurisation organisée était quasi-inexistante. Mais depuis la mise en place des groupes CECI par le Programme FASO dans le District sanitaire de Tougouri, la donne a changé.
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Les CECI permettent à leurs adhérents de trouver une solution au problème crucial de manque de source de financement de leurs activités. Elles sont constituées de personnes auto-sélectionnées qui se rencontrent chaque semaine, épargnent leur argent et se font de crédits pour développer les activités génératrices de revenus (AGR) afin d’améliorer leurs conditions de vie. Ainsi, en plus des AGR, les groupes ont une caisse de solidarité qui leur permet de faire des œuvres caritatives. Dans cet élan des bonnes œuvres, dix-sept (17) groupes CECI de Silmadjé et de Barao, deux localités nordiques de la commune de Bouroum, ont laissé parler leur cœur le 21 mai dernier.
 
En effet, ils ont fait don de matériels d’une valeur de 92 000 F CFA au nouveau centre de santé et de promotion sociale (CSPS) dont vient de bénéficier la communauté il y a moins d’un an. Le don se compose entre autres, de marmites, de bidons vides de 20 litres, de seaux en plastique, de carafe, de nattes, de bouilloires, de savons en poudre, de balaies, des gobelets, de bols, etc.
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Et Sawadogo Salamata, Présidente des groupes CECI donateurs de justifier ce geste somme toute exemplaire : « Notre centre médical est nouveau et manque de beaucoup de matériels. Le forage le plus proche du CSPS tombe régulièrement en panne et il faut souvent aller à 04 km d’ici pour avoir de l’eau. Et donc, les femmes qui accouchent ici ont des difficultés pour avoir de quoi faire leur toilette. De plus, il n’y a pas assez de couchettes pour les malades et leurs accompagnants. Certains manquent souvent de quoi mettre la bouillie pour les enfants. Tout cela constitue des difficultés aussi bien pour les malades que pour leurs accompagnants. C’est pourquoi nous avons jugé bon de puiser dans nos fonds de solidarité pour aider le CSPS à soulager les patients qui séjourneront ici. »
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Outre ce don collectif, Salamata estime que l’avènement des groupes CECI a véritablement révolutionné l’épargne à Silmagué mais plus encore, amélioré son quotidien et celui de bon nombre de femmes. « Depuis que je suis membre d’une CECI, mes fardeaux financiers sont supportés avec moins de peines. Grâce à cette activité, je réalise des projets jugés jadis inaccessibles pour une femme. J’ai pu m’acheter 03 moutons à 93 000 FCFA à raison de 31 000 l’unité. Aussi, payer les frais de scolarité, les ordonnances, les vêtements des enfants ou les frais d’eau auprès de l’Association des usagers de l’eau (AUE) est désormais chose facile pour moi. De plus, je ne suis plus obligée d’attendre tout de mon mari. En vérité, cette activité m’aide à subvenir à beaucoup de besoins essentiels.» confie-t-elle avec enthousiasme.
 
 Pourtant, au début de l’aventure CECI, Salamata avait des appréhensions. Mais ce sont les résultats à la fin du premier cycle de 08 mois de cotisation qui l’ont littéralement stupéfait. Elle explique : «Au début, j’avais des doutes en intégrant le groupe. Mais de nos jours ce n’est plus le cas. A la première session de partage des dividendes, mes mises se sont élevées à 162 100 FCFA et je ne m’en revenais pas. A la deuxième session, j’ai empoché 139 000 FCFA. »
Tout comme elle, ragaillardies par ces bons résultats, les membres du groupe ont décidé à l’unanimité d’augmenter le montant de la mise minimale de 200 FCFA à 500 FCFA. Et Salamata de redoubler d’ardeur dans son travail pour gagner davantage. « Pour le troisième cycle qui est toujours en cours, j’ai introduit 03 de mes enfants dans le système. Pour chacun d’eux, je cotise 2 500 FCFA par semaine. En clair, je mise 10 000 FCFA plus 200 FCFA pour la caisse de solidarité. » En effet, selon le principe d’épargne dans les CECI, chaque membre peut miser 05 fois le montant minimal fixé. Interrogée sur les sources des revenus qui lui permettent de cotiser autant, Salamata réplique : « Cette activité a développé en moi le sens de l’entreprenariat. Je vends du riz au marché et c’est dans ce commerce que je tire mes revenus. Dès le chant du coq, je me lève et reste sur pied jusqu’à 22 heures».
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Au-delà de ces retombées économiques, les CECI ont davantage renforcé la cohésion sociale entre ses membres. Selon Salamata, en lieu et place de l’indifférence, ces groupes créent une chaîne d’amitié très forte entre les femmes. « On ne se frôle plus sans se dire bonjour. Aussi, après chaque réunion, les femmes passent plus de temps ensemble à prendre les nouvelles des autres et à se soutenir mutuellement » soutient-elle toute ravie. Enfin, Salamata demeure convaincue que cette activité a des beaux jours devant elle. A l’en croire, les membres des CECI n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin. « Je suis membre voilà maintenant 03 ans et je ne pense jamais cesser de poursuivre cette activité même après le programme FASO. Nous sommes toutes décidées à maintenir le mode de fonctionnement des CECI pour toujours bénéficier des mêmes retombées.»
 
Outre le major du CSPS et les membres des groupes donateurs, la cérémonie de remise du matériel s’est déroulée sous le regard bienveillant du chef du village, de l’imam, du Conseiller villageois du développement (CVD) de Silmadjé ainsi que de nombreuses personnes venues être témoins. Ce geste modeste mais combien exemplaire prouve que l’auto-prise en charge du développement communautaire prend progressivement corps au sein des communautés rurales et les CECI, mis en place par le Programme FASO, en sont un des locomotives.
 
 
Lydia Compaoré

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