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L’OCADES Caritas à Zabré : Pour que le handicap ne soit plus un handicap - Ocades Caritas Burkina

L’OCADES Caritas à Zabré : Pour que le handicap ne soit plus un handicap

L’organisation catholique pour le développement et la Solidarité (OCADES Caritas Burkina) depuis des années au Burkina vient en aide aux personnes en situation de handicap à travers son programme de réhabilitation à base communautaire. Pour constater de visu les actions de ses structures dans les régions, une équipe s’est déplacée dans les  régions du Centre-est et du Centre-sud, précisément à Zabré et Manga, du 11 au 13 juin 2018. Cette visite de terrain a permis de s’entretenir avec  les structures administratives  et les bénéficiaires afin  de voir les défis qui se présentent à eux.

 Partant du fait que les personnes en situation de handicap ont aussi des droits alors qu’elles sont marginalisées dans nos communautés, l’Organisation catholique pour le développement et la solidarité (OCADES) veut leur redonner leur dignité à travers les activités qu’elle initie à leur endroit. Le cas de Zabré peut-être cité en exemple.

A l’origine dans les années 1981, le projet à Zabré a été implanté pour lutter contre l’onchocercose qui sévissait dans la zone.  Progressivement, ses activités se sont étendues des personnes aveugles  aux autres types de handicap. D’où l’appellation, la réhabilitation à base communautaire des aveugles et autres handicapés (RBCAH).

Elle intervient dans 5 domaines à savoir la santé, le social, l’éducation, des moyens de subsistance et  l’autonomisation.

Une équipe de 13 personnes dont 6 animateurs de terrain  font le suivi à domicile des patients, en identifient d’autres et mettent en place un plan de réadaptation à court, moyen et long terme selon le patient.

Quelques résultats engrangés en 5 mois.

Pour l’année 2018, 64 personnes ont déjà été opérées de la cataracte et d’autres maladies oculaires au CMA de Zabré. A Bakou au Ghana, 1200 personnes ont été consultées et 300 patients pour les soins de réadaptation.  En chirurgie orthopédique, 3 patients ont été opérés à Kaya et 6 autres en attente. 13 autres patients ont bénéficié d’une prothèse.

« La consultation des patients coûte 200 F CFA mais ces frais ne sont pas obligatoires », fait comprendre Ghislain Hien, directeur du Centre RBCAH Zabré (Réhabilitation à base communautaire des aveugles et autres handicapés).

 Aussi, poursuit-il «les patients qui sont référés pour la chirurgie, l’appareillage, la rééducation, ont une contribution à verser. Mais ces contributions ne sont pas obligatoires dans le sens où nous prenons en charge un certain nombre de cas indigents sans pour autant toujours le dire au grand public ».

Dans le domaine social, l’aide à la réinsertion sociale varie de 45 000 F CFA et 100 000 F CFA. Des cas de réussite des personnes bénéficiaires des activités génératrices de revenus, de placement pour apprentissage et installation, ont retenu l’attention du contrôleur et mérité ses félicitations. Cependant, des cas d’échec, il en existe mais sont insignifiants.

« En 3 ans, nous avons formé en AGR près de 85 personnes et 64 qui ont reçu un financement 50 000 F CFA. Les cas d’échec,  3 personnes qui ont réutilisé les fonds à d’autres fins. Il y a une qui a payé un âne pour labourer alors que ça ne figurait pas dans les clauses du départ. Une autre qui a utilisé le fonds pour se soigner», apprend toujours le directeur.

Satisfait de son constat, Cyriaque Naré, chargé du projet réadaptation à base communautaire au secrétariat général de l’OCADES Caritas Burkina, venu contrôler le travail des agents a tenu à les féliciter pour leur dévouement  en dépit de la modestie des moyens mis à leur disposition. « Ce sont des gens qui s’investissent et c’est ce qu’on demande dans le travail social », dit-il. Il a par ailleurs instruit le responsable de la zone à revoir et renforcer si possible les besoins de certains  pour que le changement de leur condition soit véritablement visible d’ici à l’année prochaine.

En rappel, l’OCADES compte 8 projets RBC logés dans 7 diocèses à travers le pays. Celui de Zabré, qui couvre 6 zones, Zabré, Diara, Goumbousgou, Tiébélé, Ziou et Pô, fait cas d’école et a inspiré l’implantation du projet à Manga dans le Centre-Sud à 75 kilomètres de là.

 Quelques cas de réussite

Cathérine Sango, bénéficiaire de formation en activités génératrices de revenus de l’OCADESA Bangou, village situé à une dizaine de kilomètres de Zabré, Cathérine Sango, handicapée moteur, sur un tricycle, est un exemple de femme battante et est admirée par sa communauté. Formée aux petits commerces  et avec une aide de 50 000 F CFA, cette mère de deux enfants scolarisés au collège et au primaire, a pu en deux ans, s’acheter en plus de la vente  des condiments,  des chèvres. Le fruit de cet élevage en retour lui a permis de faire des projets de construction de sa maison en dur. Déjà des briques 2 tonnes de ciment de plus de 200 000 F CFA sont étalées sur un terrain. Il ne lui manque plus que l’achat d’un terrain. Son projet futur, se construire une boutique d’une grande surface au marché.

« Je n’étais pas comme ça. C’est suite à une maladie que j’ai perdu l’usage de mesCathérine-Gouba2 deux jambes. Mon mari a deux autres femmes en plus de moi. Il m’a toujours négligée par la suite au profit des autres. Il m’avait même dit un jour d’aller mendier dans la rue. Mais depuis que j’ai reçu cette aide, je me débrouille dans mon coin avec mes enfants  pour  subvenir à mes besoins et payer la scolarité de mes enfants. Aujourd’hui,  je n’ai pas moins de deux millions de F CFA dans compte», raconte-t-elle fièrement.

Rihannata Congo et son fils émiplégique assis derrière elle sur le banc

Elles sont nombreuses comme elle, ces femmes qui tirent leur épingle du jeu. Au marché central de Zabré, les beignets de  Congo Rihanata ne suffisent pas. Au passage de l’équipe, elle s’affairait sur une commande de près de 5 000 F CFA. Les autres clients peuvent attendre. Mère d’enfant hémiplégique, elle a aussi à sa charge deux enfants dont elle s’occupe toute seule.

« Mon mari est allé à l’aventure au Congo, nous laissant ma coépouse et moi, confie-t-elle. Cependant, il appelle ma coépouse et lui fait parvenir des choses. Quant à moi, il ne m’a jamais appelée et rien envoyé. Des gens m’ont conseillé de quitter sa cour et de me remarier mais j’ai refusé. Je veux rester et prendre soin de mes enfants, surtout de l’aîné qui est malade ».

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A une quinzaine de kilomètres de là, à Ziou, Pauline Congo, mariée et mère de deux enfants, est une malade épileptique. Elle a développé sa stratégie qui marche aussi. Vendre des gâteaux qu’elle fabrique dans les marchés et écoles et faire du porte à porte dans les villages sur un rayon de 5 km, les soirs pour vendre des condiments. Ses bénéfices lui permettent de payer ses produits et de venir en aide à son mari pour les dépenses de la maison.

Groupe d’entraide de malades épileptiques à Lô

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A Tiébélé, 75 km de Zabré, plus précisément dans le village de Lö, un groupe d’entraide de malades épileptiques de tout âge a été mis en place. Il compte 37 personnes et  ne cesse d’enregistrer des patients. Ce mercredi 13 juin 2018, à la rencontre du groupe, trois nouveaux patients souhaitaient adhérer au groupe.

Eux se soutiennent mutuellement, se conseillent et vont même en groupe pour les rendez-vous avec l’infirmier traitant du district sanitaire.  A côté,  ils cotisent pour les uns et les autres et ce à tour de rôle pour l’élevage de poulets.

« Etant malades, nous ne pouvons pas mener des activités qui peuvent être dangereuses pour nous quand les crises commencent 6 d’entre nous ont déjà été dotés de volaille (4 poules et 1 coq) grâce à l’OCADESDSC00361 pour commencer l’élevage.  On cotise 100 F CFA chaque 15 du mois quand nous nous rencontrons qu’on épargne à la caisse. Nous comptons donc à partir de ces cotisations donner de la volaille pour l’élevage à chaque membre au fur et à mesure », explique  Agowo B. François, secrétaire du groupe.

Tima Blandine et son mari Gondoroboué Jean-Baptiste, couple d’aveugles

Tima Blandine et son mari Gondoroboué Jean-Baptiste, couple d’aveugles

Ce couple d’aveugles, Gondoroboué Jean-Baptiste et Tima Blandine, force l’admiration et laisse sans voix. Mariés malgré le refus de la famille du monsieur, ils sont expulsés. Aidés par leur église, ils ont construit, sont autonomes aujourd’hui et vivent avec leurs deux enfants. La femme formée à la fabrication des chaises et l’aide de l’OCADES (50 000 F CFA) a permis au couple de s’intégrer dans le village. En une semaine, le couple peut livrer un salon de 4 chaises à 40 000 F CFA.

« Je tresse une chaise en une journée et demie, mais comme c’est l’hivernage, on commence, mon mari et moi à tresser les chaises après les travaux au champ, explique l’épouse. Aujourd’hui, nous ne connaissons plus la faim, même les railleries des villageois. Notre santé, nos besoins et ceux de nos enfants  nous incombent aujourd’hui et Dieu merci et vous (NDRL OCADES) nous arrivons à vivre comme tout le monde dans le village».

Pleine d’énergie, elle ne cesse d’égrener les activités qu’elle aurait aimé faire si elle avait plus de moyens financiers. Plusieurs autres projets lui trottent dans la tête, se trouver un endroit au marché pour avoir plus de clients, se payer un réfrigérateur pour vendre la glace. Sous son initiative, elle a créé un groupe de personnes aveugles. Elle a besoin d’un accompagnement pour avoir les documents et avoir une structure reconnue.

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Gouba Parfait, malade épileptique, garde toujours les traces de blessures sur le visage dues à une crise. Il a été doté d’une machine à laver les motos et voitures et tire selon ses dires un bénéfice de 8 000 F CFA la semaine. « Ce n’est pas du tout facile pour moi, dit-il. Quand je m’approche d’un groupe de personnes, tout le monde s’écarte. Ils me fuient parce que je suis malade. Mais aujourd’hui, je m’occupe et grâce à ça,  j’arrive à satisfaire mes besoins ».

DSC00299Quant à Sia Tanga, jeune homme sourd muet, visiblement heureux de voir ses bienfaiteurs, n’a pas hésité à leur montrer ce qu’il a appris en trois mois dans le garage de réparation de moto. Il n’hésite pas à démonter une roue et à la remettre en place, puis à faire des signes de main pour leur signifier sa satisfaction.

 Revelyn SOME

Burkina24

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