À 78 ans, Micheline Traoré incarne la résilience silencieuse mais puissante des femmes burkinabè, dans un contexte de crise humanitaire. Résidant à Bomborokuy, cette grand-mère malvoyante confie avoir mis au monde onze enfants. L’un après l’autre, le destin les lui a arrachés, la laissant entre douleur et silence. Seuls deux d’entre eux sont encore en vie, mais portés disparus depuis des années. Il y a une quinzaine d’années, son époux, victime d’un grave accident de la circulation, vit avec les séquelles de ce drame. Et depuis maintenant une année, il vit à Bobo-Dioulasso où il reçoit pour une énième fois des soins. Livrée à une solitude marquée par ces nombreux défis, Micheline porte à elle seule la lourde responsabilité de neuf petits-enfants, dont cinq vivent à ses côtés.
Chaque jour, Micheline puise dans ses dernières forces pour gravir une colline escarpée. Là-haut, armée de courage et d’un vieux balai de fortune, elle ramasse du sable qu’elle revend ensuite aux maçons. C’est sa seule source de revenu, l’unique moyen de nourrir ses petits-enfants et de survivre face à l’adversité. Une tâche éprouvante à la fois physiquement et moralement, d’autant plus risquée pour une femme de son âge, déjà fragilisée par une fausse couche qui lui a laissé de lourdes séquelles. « Cette activité me fait énormément souffrir. J’ai du sable constamment dans les yeux, et je risque de perdre la vue de mon seul œil encore fonctionnel », confie-t-elle avec peine.
C’est dans cette extrême vulnérabilité que Micheline a été identifiée comme femme Cheffe de ménage à besoins spécifiques, dans le cadre du projet de réponse d’urgence multisectorielle intégrée en sécurité alimentaire et moyens d’existence (PI/SAME-PROTECTION). Cette intervention financée par le Fonds Humanitaire Régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (FHRAOC) est mise en œuvre par l’OCADES Caritas Burkina.
La vie de Micheline a connu un véritable tournant grâce à l’intervention de ce projet. Elle a bénéficié, en trois vagues, d’un appui alimentaire composé de 150 kg de riz, 150 kg de maïs, 75 kg de haricots, 15 litres d’huile et 3 kg de sel. Une aide précieuse qui a amélioré son quotidien et celui de ses petits-enfants. « Avant, nous n’avions qu’un seul repas par jour. Mais aujourd’hui, nous avons deux repas par jour. Après chaque distribution, je rentre chez moi en dansant », confie-t-elle, avec un sourire de soulagement.
Le parcours de Micheline illustre combien une aide ciblée, respectueuse et porteuse de dignité peut redonner de l’espoir à des foyers restés dans l’oubli. A travers son intervention, le projet PI/SAME-PROTECTION contribue non seulement à soulager les souffrances des ménages déplacés et des familles d’accueil vulnérables, mais aussi à renforcer leur résilience, restaurer leur dignité et à réaffirmer leur droit fondamental à une vie digne. « Je remercie sincèrement ceux qui pensent à nous. Grâce à cette aide, mes petits-enfants et moi avons retrouvé un peu de force pour continuer. Que Dieu bénisse tous ceux qui tendent la main aux pauvres. A-t-elle conclu.
KY Rose Arlette Cissima
Chargée de communication, plaidoyer
et mobilisation des ressources
