Des réactions relatives à la lettre pastorale des Evêques du Burkina Faso en date du 15 juillet 2013 ont révélé une attente de parole forte, claire et constructive au moment où les esprits s’échauffaient notamment autour de la mise en place du Sénat.
Des interrogations de nombreux fils et filles de l’Eglise-Famille de Dieu au Burkina Faso et d’autres citoyens persistent au sujet de la position de la Communauté Catholique. En outre, des propos tenus avant et après la parution de la « Lettre pastorale » nous sont parvenues et nécessitent des clarifications utiles :
• L’Eglise Catholique, comme à son habitude, au nom de sa mission de service, n’a pas hésité à répondre présente pour participer à la structure consultative qu’est le CCRP en vue de trouver des voies et moyens pour le Bien de notre peuple.
• La position de notre délégation au Conseil Consultatif sur les Réformes Politiques (C.C.R.P). à propos du Sénat était conforme à nos instructions et soutenait l’inopportunité d’une telle institution (cf. Lettre pastorale n° 20). Lors des débats au CCRP sur le Sénat, afin de sauvegarder notre rôle premier qui est moral et spirituel, et pour ne pas bloquer la marche de l’ensemble vers la mise en place du Sénat, l’Eglise Catholique a transformé son opposition en réserve en insistant que ses réserves soient prises en compte et le Sénat est devenu un élément consensuel.
• A notre Assemblée plénière de Juin 2013, nous les Evêques du Burkina, sensibles à la situation sociopolitique nationale, voyant le climat social se dégrader avons voulu attirer l’attention de tous sur un certain nombre de maux qui minent la société et dont la résolution est prioritaire (cf Lettre pastorale n°1 à 12). Tout en réaffirmant que « l’Eglise catholique n’a pas à faire obstacle aux choix institutionnels et à l’adoption du Sénat » (n°20), nous avons soutenu et soutenons que « les institutions ne sont légitimes que si elles sont socialement utiles », favorisant le bien commun, la cohésion sociale, la paix.
• De notre participation au Sénat.
En réponse à la lettre l’invitant à communiquer le nom de son représentant,
l’Eglise Catholique a été claire :
• « Le consensus sur le Sénat auquel nous avons participé est un consensus sur le principe du Sénat. »
• « La loi organique qui a suivi et qui précise la configuration du Sénat, n’a pas été discutée au niveau du CCRP ni au niveau de son comité de suivi et d’évaluation. On ne peut donc pas élargir à ce niveau notre adhésion consensuelle. »
• « Une discussion sur le projet de la loi organique nous aurait permis en tant qu’autorité morale et religieuse de proposer de ne pas nous inclure comme membre du Sénat, organe délibératif, votant des lois selon des règles de la majorité. Notre participation à un tel processus nous amènerait toujours à un alignement sur telle ou telle position et nous enlèverait ainsi toute possibilité de jouer notre rôle premier d’autorité morale qui est celui d’éclairage, de promotion de la cohésion sociale et de médiation au besoin, tant au service de la majorité que de l’opposition. »
Il est donc clair que l’Eglise catholique, fidèle à sa nature et à sa mission ne participe pas aux organes délibératifs, exécutifs, législatifs ou judiciaires. Le Saint-Siège (Vatican) au niveau international, a un rôle d’observateur dans les Organismes et Organisations internationales et ne prend pas part aux votes.
L’Eglise catholique offre ses services dans les structures consultatives et ses prières pour la cohésion sociale, la justice et la paix.
Que Dieu bénisse notre pays, nos concitoyens et nos gouvernants !
Ouagadougou, 13 septembre 2013
Pour le Conseil permanent
Le Président de la Conférence Episcopale
+ Paul Y. OUEDRAOGO
Archevêque de Bobo-Dioulasso