Le cœur meurtri et le regard évasif, Fatimata âgée de 40 ans, se remémore les souvenirs douloureux de la fuite de son village natal Ankouna. « Les groupes armés non étatiques ont fait irruption à Ankouna trois fois de suite. Ils ont fait une première intrusion dans le marché du village pour effrayer les habitants. La deuxième fois, ils sont venus nous sommer de quitter le village dans l’immédiat mais nous y sommes quand même restés. A la troisième intrusion, ils ont commencé à tirer sur les habitants et c’était la débandade. Beaucoup de gens ont malheureusement été tués et par chance j’ai pu m’enfuir avec ma famille ». Malgré ce périple, Fatimata n’était pas au bout de sa peine.
Ayant quitté le village dans la précipitation et les mains vides, Fatimata, son époux et leurs 05 enfants ont trouvé refuge dans la ville de Kaya. « A notre arrivée, nous étions désemparés car dans notre fuite, nous n’avons rien pu amener, même pas une seule cuillère ». Sans abris, avec les enfants qui pleuraient de faim, le seul réflexe de Fatima et de sa famille était de chercher de l’aide auprès des services de l’action humanitaire. « Une fois à Kaya, nous faisions face à de grandes difficultés. Nous sommes donc allés nous faire enrôler à l’action sociale afin de bénéficier d’une assistance alimentaire et des ustensiles de cuisine. Grâce à Dieu nous avons été soulagés » , nous relate t-elle. L’infortunée, n’a eu d’autres choix que de s’habituer à sa nouvelle vie de PDI et de commencer à chercher une activité pour épauler son mari. « Après l’appui de l’action sociale, j’ai commencé la vente de beignets. Ce qui me permettait d’acheter de l’eau et du bois de chauffe ».
En mars 2023, Fatimata est retenue avec 399 autres femmes pour bénéficier de l’appui du projet de réponse d’urgence en moyens d’existence au profit des populations affectées par la crise dans la commune de Kaya, région du Centre-Nord au Burkina Faso. « Un matin, j’ai reçu un appel de l’OCADES, m’informant que j’ai été retenue pour bénéficier de l’aide du projet FHRAOC, ma joie était inexplicable », se rappelle-t-elle.
Le 04 avril 2023, Fatimata a pu acquérir des caprins et de l’aliment pour commencer à faire de l’élevage. « J’ai reçu un kit d’élevage composé d’un bouc, de deux chèvres et de l’aliment de bétail. A l’heure actuelle, une des femelles a mis bas et l’autre est en gestation. Une fois que mon bétail aura augmenté, je pourrai, en cas de difficultés, en commercialiser certains pour m’en sortir. Les déchets des animaux nous servent également d’engrais pour nos cultures. Je suis très contente », nous confie t-elle avec le sourire.
En plus de cette dotation, Fatimata et les autres femmes ont bénéficié d’un renforcement de capacités en techniques spécifiques liées à l’élevage de petits ruminants et d’une sensibilisation en gestion financière pour la bonne conduite de leurs activités agropastorales.
Dans le cadre de ce projet, il est en outre réalisé, une sensibilisation continue sur la prévention de l’exploitation et des abus sexuels et les violences basées sur le genre (VBG). Pour ce faire, Fatimata et les 399 autres femmes, ont bénéficié de postes radios et de clés USB contenant des messages de sensibilisation sur les VBG. « Le poste radio dont j’ai bénéficié me sensibilise sur les VBG. J’ai appris entre autres qu’il est interdit de marier ou d’avoir des activités sexuelles avec une fille de moins de 18 ans. J’ai aussi appris que toute relation sexuelle entre un travailleur humanitaire et un bénéficiaire est interdite, même si le bénéficiaire est consentant. Pour ma part, je mets le volume assez fort pour permettre à mes voisins aussi d’écouter », raconte dame SAWADOGO.
D’une durée de six (06) mois, le projet visait à contribuer à l’amélioration des moyens de subsistance des populations affectées par la crise sécuritaire dans la commune de Kaya par la satisfaction de leurs besoins les plus critiques et urgents en moyens d’existence. Grâce au projet, l’OCADES CARITAS BURKINA et son partenaire FHRAOC ont pu assister 400 femmes en moyens d’existence (élevage de petits ruminants et maraichage hors sol) et en protection.
BARRO / OUEDRAOGO K. Emilie
Chargée de Communication, Plaidoyer et Mobilisation des Ressources