L’OCCADES Caritas Burkina apporte sa pierre à l’édification d’un cadre de vie sain
La protection de l’environnement est aujourd’hui une préoccupation d’ordre mondial et une nécessité vitale. Depuis 1972, les Nations Unies ont retenu la date du 5 juin pour célébrer la journée mondiale de l’environnement. Le thème de cette année, « Rapprocher les gens de la nature », nous invite à réfléchir à la façon dont nous faisons partie de la nature et dont nous en dépendons. L’Eglise avec à sa tête le Pape François est consciente de cette catastrophe environnementale sans précédent. Les Evêques du Burkina, à travers le Conseil National de l’OCADES ont décidé, à l’unisson avec la communauté internationale, que le 5 juin de chaque année soit marqué par les Journées Nationales de Protection de l’Environnement (JNPE) dans les différents diocèses.
Le Secrétariat Exécutif Diocésain (SED/Nouna) a été retenu cette année pour abriter la journée commémorative au niveau national du 3 au 5 juin 2017. Une journée de sensibilisation a eu lieu dans la journée du 5 juin au Centre Badenya de Nouna et a réuni une centaine de participants. L’objectif visé est de contribuer à la protection de l’environnement et au respect de l’intégrité de la création au Burkina Faso. De façon spécifique, il s’agit de vulgariser l’encyclique Laudato Si, promouvoir l’éducation environnementale et l’écocitoyenneté et enfin inciter les enfants et les jeunes à planter et à entretenir les arbres.
La cérémonie a été parrainé par Monseigneur Joseph SAMA, Evêque du Diocèse de Nouna autour du thème « La protection de l’environnement au Burkina Faso à la lumière de l’encyclique ‘’Laudato Si’’ ». La cérémonie d’ouverture a été précédée d’un reboisement à l’évêché de Nouna où plus de 80 pieds d’anacardiers ont été plantés. L’Abbé Zéphirin BANGNAWA, SED/ Nouna a souligné que ‘’ transformer notre cadre de vie aujourd’hui est un acte salutaire’’. Il a demandé à chaque personne de planter chaque année un arbre et de l’entretenir au cours de l’année car dit-il ‘’C’est plus utile de planter peu et d’entretenir que de planter une multitude d’arbres qui ne survivront pas’’. L’Abbé Jérôme OUEDRAOGO, Chancelier du diocèse de Nouna, pour sa part, a remercié les planteurs pour le choix du lieu tout en rassurant les uns et les autres de relever le défi de l’entretien de ces arbres.
La cérémonie d’ouverture
L’Abbé Zéphirin BANGNAWA dans son mot d’accueil a tout d’abord salué la présence de Mgr Joseph SAMA, Evêque du diocèse et parrain de la cérémonie, M. Abou ZOURE, le Secrétaire Général (SG) de la province représentant le Haut-Commissaire de la Kossi, M. Issoufou TRAORE, le maire de la commune, les représentants des Equipes Paroissiales d’Animation (EPA), les associations qui œuvrent pour l’environnement et l’équipe du secrétariat général de l’OCADES.
Le Maire en prenant la parole a tout d’abord remercié l’OCADES pour avoir associé la collectivité territoriale à cette célébration avant de reconnaître l’initiative à sa juste valeur « Cette initiative est salutaire. Notre environnement a changé. Il continue de se muer et nous vivons ces changements au quotidien. Les endroits boisés s’amenuisent, les inondations et sécheresses sont récurrentes ». Il reconnaît que les décisions prises lors des grandes rencontres internationales peinent à montrer leur preuve et il faut ce combat d’avant-garde des organismes comme l’OCADES.
Le SG de la province a, quant à lui, émis le souhait qu’à l’issue de cette journée, les uns et les autres puissent s’approprier les différents outils et stratégies pour préserver l’environnement pour les générations actuelles et futures.
Mgr SAMA, dans son discours d’ouverture a rappelé l’urgence d’une prise de conscience de la dégradation de notre environnement dû aux intempéries et à l’action de l’homme. De la conférence sur le climat en passant par les Accords de Paris, les Objectifs de Développement Durable (ODD) et ‘’Laudato Si’’, tout le monde s’accorde à dire que notre monde est déréglé en terme de climat, d’environnement, etc. a-t-il lancé. A l’occasion de la JME beaucoup de questions sur les conditions de vie des populations et la survie de notre planète se posent. Et il renchérit que nous avons tiré la sonnette d’alarme depuis bien longtemps mais il est grand temps d’agir, « Nous devons en faire le combat de tout un chacun. Chacun est libre de choisir mais nous n’avons pas le droit de rester sans rien faire car notre avenir dépend de cet environnement. Nous ne sommes que des jardiniers et non des propriétaires». Pour terminer, il a invité les fils et filles du Burkina Faso à se mobiliser pour la protection et la sauvegarde de notre cher environnement.
La plantation symbolique de trois (03) manguiers sur le site du Centre Badenya a été faite successivement par le Maire, le SG de la province et l’Evêque à l’issue de cette cérémonie d’ouverture.
Problématique de la protection de l’environnement: Une situation assez inquiétante
Trois thèmes relatifs à la préservation de l’environnement à savoir « Protection de l’environnement au Burkina Faso à la lumière de l’encyclique ‘’Laudato SI’’ » ; « Protection de l’environnement au Burkina Faso : enjeux et perspectives » et « Pesticides et gestion durable de l’environnement » ont été animés successivement par l’Abbé Jean Paulin KI, le Colonel Lassana Jean-Yves TRAORE et Adama SON.
L’Abbé Jean Paulin KI, Dr en Sociologie de l’environnement et SED de l’OCADES Dédougou, a développé le thème de la journée : « Protection de l’environnement au Burkina Faso à la lumière de l’encyclique ‘’Laudato SI’’ ». Le diagnostic révèle que nous vivons dans un monde en pleine mutation avec des conséquences néfastes telles que la rareté de l’eau potable, la perte de la biodiversité, la détérioration de la qualité de la vie humaine, la dégradation sociale, l’inégalité planétaire, la faiblesse des réactions, etc. Le conférencier a rappelé que « L’existence humaine repose sur trois relations fondamentales intimement liées, à savoir avec Dieu, le prochain et la terre. L’homme est ainsi l’auteur, le centre et le but de la vie économico-sociale ». Quand on parle d’environnement, le Pape nous rappelle, au chapitre 4 de son document, que nous parlons de la relation entre la société et la nature. Par conséquent, il nous invite donc à une écologie qui prenne tout en compte, un autre style de vie basé sur l’alliance entre l’humanité et la nature.
L’état des lieux de la protection de l’environnement dans notre pays qu’il a fait présente des images assez sombres à savoir des entrepôts de déchets de mine, des arbres auréolés de sachets plastiques, l’utilisation de produits chimiques et pesticides, les défrichements sur abattis-brûlis, etc. L’Etat du couvert végétal est inquiétant. On constate une exploitation abusive et une consommation excessive des ressources naturelles, le gaspillage des biens de la nature, la destruction et la dégradation de notre environnement.
Il regrette que les résolutions prises au niveau de l’Etat telles que la loi sur l’élimination des sachets plastiques, les initiatives de protection de l’environnement des associations, l’adoption de certaines pratiques de restauration des sols (Fumure organique, demie lune, cordons pierreux),…n’aient pas été suffisantes pour induire le changement tant souhaité.
Des initiatives pour pallier le chaos environnemental
Le Col Lassana Jean-Yves TRAORE, Ingénieur des eaux et forêts, chef d’antenne EBA-FEM/BMH en abordant le deuxième thème nous a rappelé que la question de l’environnement est aujourd’hui fondamentale. Sa préservation est un enjeu majeur car il n’y a pas une planète de rechange. Au Burkina Faso comme partout ailleurs, nous vivons des ressources de l’environnement.
De sa présentation, il ressort que l’environnement, contribue énormément à l’économie nationale du Burkina Faso, de la foresterie, en passant par la faune, l’agriculture, l’extraction minière, les agrégats de construction… En 2014 par exemple, 43,64% du PIB nominale étaient constitués de l’environnement soient 2 487,6 milliards de FCFA. Malgré cet apport, les pressions exercées sur l’environnement dans notre pays sont énormes (déforestation, surpâturage, feux de brousse, orpaillage, expansion de l’élevage, envasement des cours d’eau, pollutions des eaux, production des eaux usées, etc.) et affaiblissent les efforts consentis par les différents acteurs dans la protection de la nature.
Il a lui aussi égrené la liste des différentes Politiques et initiatives prises au sommet de l’Etat dans le sens de la préservation de l’environnement et la gestion des ressources naturelles. Enfin, il a invité tous les acteurs, l’Etat, les collectivités territoriales, les OSC, les entreprises privées, les PTF et les populations à s’engager davantage pour redorer l’image de notre environnement.
Pesticide d’accord mais prudence d’abord !
L’ingénieur de la protection des végétaux et encadreur au CAP Matourkou, Adama SON a traité le troisième thème sur les « Pesticides et la gestion durable de l’environnement». Un pesticide est défini comme un produit chimique qui est destiné à repousser les ravageurs. Les pesticides sont classés selon leur toxicité, la cible visée et l’appartenance à la famille chimique et renferment les régulateurs de croissance des plantes, l’agent d’éclaircissage des fruits, l’agent de dessiccation, etc. Le communicateur a rappelé que la population utilise les pesticides dans l’objectif de lutter contre les nuisibles. Chaque année des milliers de litres et kilogrammes de pesticides sont déversés dans la nature qui n’est malheureusement pas sans conséquences : contamination de l’air, l’eau, sol, risque pour la santé humaine et l’environnement.
Tout en saluant les textes législatifs et règlementation, les séances de sensibilisation et de formation des acteurs, il invite les populations à plus de prudence dans l’utilisation de ces pesticides. Il recommande de choisir le produit phytosanitaire sur la base des caractéristiques, la formulation et la cible visée. Egalement le choix et l’utilisation des appareils de traitement doivent être adaptés. Enfin il demande une lecture minutieuse de l’étiquette du produit, le respect du dosage et la procédure de préparation des produits ainsi que la technique d’application.
Il a enfin présenté les différentes alternatives à l’utilisation des pesticides comme les techniques culturales, la lutte biologique, les biopesticides à base de micro-organismes vivant et à base d’extraits de plantes (Neem, ail, piment, feuilles de papaye), etc. Cette dernière présentation a fait place à la cérémonie de clôture au cours de laquelle les différents intervenants ont rappelé l’impérieuse nécessité de se pencher sur la question environnementale dans notre pays. Le SED de Nouna s’est réjoui de la forte mobilisation autour de la célébration de cette journée et à inviter chacun à partager ce qu’il a reçu avec ses collaborateurs et ses proches.
L’environnement est l’affaire de tous, que vas-tu faire ? Qu’allons-nous faire ? pour protéger cette œuvre que le créateur du ciel et de la terre nous a confiée. L’avenir de notre planète dépend de toi, de moi et de nous. Alors changeons tous de comportement pour mieux y vivre et léguer un environnement sain aux générations futures !