François MEREGA : « Sans mes enfants, j’aurais abandonné ma famille à cause de la crise »

« A cause de la pluviométrie catastrophique de l’année dernière, nos récoltes ont été très mauvaises. J’ai à peine eu 2 sacs de 100 kg de mil au mois d’octobre-novembre. Depuis le mois de février, ce stock est totalement épuisé car j’ai une famille de 12 membres. Mon grenier est actuellement vide.  Nous n’avons plus rien à manger. 

Sans mes enfants, il y a bien longtemps que j’aurais fui ce village de Thiou pour aller à la recherche  d’un mieux-être ailleurs. Même si c’est difficile, je me dois de préserver la dignité de ma famille. Je ne peux l’abandonner en ces temps de crise. 

Pour faire face à la situation, j’exploite un  périmètre maraîcher. Mais là aussi, c’est la précarité  car les rendements du maraîchage ne me permettent  pas d’acheter du mil dont la tine (12- 13kg) est passée de 2000 à 4000 FCFA en quelques mois. La tine ne sert à l’alimentation de ma famille que pendant 02 jours.  Il me faut au minimum 03 tines par semaine. Mais  je n’en ai pas les moyens.  Nous nous contentons donc de 02 ou d’un repas par jour en nous occupant prioritairement des enfants. 

Je possède quelques animaux que j’ai confiés à des  éleveurs peulhs. J’espère pouvoir les revendre plus tard pour acheter un peu de céréales.  La situation est intenable mais nous essayons de ne pas sombrer dans le désespoir et l’oisiveté ».

Propos recueillis à Thiou par  

Arsène Flavien BATIONO

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